Millésime : 1978
Nation : France
Mouvement artistique : Art abstrait
Source d’inspiration : les toits de Paris patinés par le temps
JEUNE ARTISTE EMERGENT
Biographie
Jérémy Vatutin vit et travaille à Paris. Compagnon du devoir, ses expériences de couvreur l’amènent à regarder l’architecture avec une certaine poésie et à prendre conscience de la beauté des matériaux qu’il emploie.
De chantiers en chantiers, observant les vieilles toitures patinées par le temps des immeubles parisiens, il amorce une collecte de plaques de zinc qui lui procurent une émotion, et qu’il ne veut pas voir disparaître. De ce fait, il inverse les rôles en protégeant la toiture de l’oxydation une fois mise à l’abri dans son atelier, alors qu’à l’origine c’est elle qui servait à nous abriter.
Il s’attarde sur la richesse des nuances du matériau. Son premier geste consiste à sélectionner les plaques les plus graphiques puis à inventer de nouvelles règles de composition. Un répertoire de fragments de zinc, de toutes dimensions, habite son atelier et se compose en œuvres au grès du temps.
Son travail artistique se développe entre sculpture et peinture oxydographique, un processus évoquant la photographie où le temps et l’humidité, ainsi que l’artiste par son cadrage agissent comme un révélateur. Jérémy Vatutin questionne le rapport au temps qui passe en associant le métal neuf à celui patiné depuis des décennies. Souvent, il nomme ses œuvres du nom de la localisation exacte du métal collecté, par exemple : « 8 rue Montrachet, 75017 », pour retracer l’histoire d’un immeuble, tel un passeur de mémoire.
En réparant des toits, il dit tenter de réparer le monde, fait de l’exuvie des toitures. Son œuvre est tantôt méticuleuse et précise empreint de géométrie et de jeux optique, tantôt ludique et sensible. Jérémy Vatutin veut montrer ce qui ne se voit pas. Plein/vide, mobile/immobile, pli/dépli, ces couples d’opposés se révèlent en prenant le temps d’apprécier les potentialités de ses œuvres.
Jérémy Vatutin démontre par son travail que le temps et la nature fusionnent en symbiose pour devenir artiste, en imprimant la matière, tel le ferait un peintre abstrait ! En immortalisant ces fragments du patrimoine de Paris, il veut aussi nous montrer le paradoxe qu’une œuvre peut naître alors qu’elle n’était pas supposée l’être initialement. On peut se poser la question de qui est finalement l’artiste, la nature ou l’homme ?